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La Turquie face à ses ambitions et ses contradictions

Un paradoxe dans l’OTAN, aux portes de l’UE…

Au plan géographique, la Turquie se situe entre la Syrie, l’Iran et l’Irak, sans parler de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. 7ème économie à l’échelle européenne, en termes de PIB, cette république de 78 millions d’habitants est membre de l’OTAN, de l’OCDE, du Conseil de l’Europe et du G20. A majorité sunnite, son président, proche des « frères musulmans » participe à sa façon au conflit sunnite-chiite avec un positionnement équivoque dans le conflit actuel. Son influence en local est discutable. L’Egypte se tient sur ses gardes. Sans parler de l’ambiguïté permanente de ses relations avec Israël...

La Turquie face à ses ambitions - source : lapresse.ca



Une position ambiguë dans ce conflit

Pour lutter contre Daesh, la Turquie intervient modérément. Elle le justifie par l’ambiguïté de son contexte local. Les frappes aériennes effectuées par la Turquie, membre frais émoulu de la coalition anti-Daesh, visent à 80% les positions du Parti des travailleurs du Kurdistan en Irak et en Syrie, faisant ainsi voler en éclats la seule force capable de faire face aux djihadistes au sol. Quoiqu’il fasse maintenant, la position d’Erdogan au profit de la coalition est trop tardive.

Troupes turques en position - source : Atlas info



Même si la Turquie qui prétend ne pas avoir su qu’il s’agissait d’un avion russe a fini par exprimer « ses condoléances » à la Russie pour la mort d’un de ses pilotes, la tension entre Moscou et Ankara n’est pas prête de retomber. S’adressant clairement aux Occidentaux, le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine a précisé dans son discours annuel sur l’état de la nation qu’aucun pays « ne devait appliquer un système à deux poids deux mesures concernant le terrorisme » et « utiliser des organisations terroristes à leurs propres fins ». La présence et l’action de la Russie contre les opposants au gouvernement syrien et contre Daesh seront déterminantes. Devant les réactions russes, la Turquie a intérêt à se tenir à l’écart économiquement et militairement.

Une frontière transparente qui dérange tout le monde !

Le journal autrichien « Die Presse », indique que « la coopération entre la Turquie et les terroristes du groupe Daesh est beaucoup plus large que la perception qu’en a la communauté mondiale… » Les djihadistes auraient mis la main sur une vaste zone longue d’au moins 100 kilomètres, située à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Il précise que « c’est une véritable tête de pont, favorisant la contrebande, le trafic de pétrole, l’afflux d’argent liquide ainsi que le trafic d’armes, d’antiquités et d’aliments. » Sans contrôle, cette zone facilite les déplacements des djihadistes entre les deux pays. Ajouter à cela, la minorité turkmène en opposition au régime syrien, la tension est importante !

Les Etats en présence - source : itélé



Pour sa part, l’Irak a appelé samedi 5 décembre la Turquie à retirer "immédiatement" ses troupes de son territoire après le déploiement de soldats turcs dans les environs de Mossoul (nord), selon un communiqué officiel. La Turquie nie cette affirmation…

L’Arabie saoudite à l’origine d’une coalition de 34 pays arabes se sent contrainte de s’engager. Le 22 décembre dernier, la Ligue arabe vient de dénoncer le déploiement militaire turc qui persiste dans le nord de l’Irak, considérant que c’était une atteinte à la souveraineté de ce pays. Ceci n’est qu’un début. La suite prendra corps avec les Kurdes...

Après l’accord signé avec l’UE le 29 novembre dernier, la Turquie annonce officiellement qu’elle aurait empêché plus d’un millier de migrants à se rendre en Grèce. Une information qui n’est pas reconnue par Frontex et les autorités grecques.

On peut se poser la question qui vient sans cesse à l’esprit : Quel sens donner à l’OTAN dans ce conflit avec un « allié » aussi complexe et dont on doute de la solidarité ? Comment réagiront les Etats-Unis ? La Commission de son côté ne se pose pas de questions, le dossier des négociations pour l’accès de la Turquie à l’Union européenne est à nouveau ouvert…

L’extension du conflit en Lybie et en Afrique est programmée.

Jacques Martineau

Cet article a été remis à jour à partir de celui publié dans Economie Matin du 10/12

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