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Etre gentil, ça peut rapporter gros !

Par Pierre TALBOT

L’information est la clé de l’opinion publique, elle-même clé de la crise. Souvent, cette première mérite précision et contextualisation pour approcher de sa vérité et former ainsi la possibilité d’une réelle prise de position, d’un avis forgé ou d’un comportement adapté.

Pour cela, l’échange interpersonnel est primordial. Mais comment s’y prendre quand les repères de la civilité fondent sous les feux de l’intérêt personnel ou de l’argent ? Commençons par être gentil, cela ne coûte rien et peut rapporter gros !

Prêcher un convaincu n’a que peu d’intérêt. Il faut toujours trouver l’argument qui peut faire mouche si l’on veut provoquer un changement d’opinion et de comportement. Dans sa « Petite philosophie de l’entreprise » (Editions François Bourin, 2012) Emmanuel Jaffelin a décliné son concept de gentillesse au monde de l’entreprise. Un univers qui peut en manquer cruellement et parfois se révéler impitoyable. Notamment dans les grands groupes, selon l’auteur, où la maltraitance des employés, poussés dans certains jusqu’au suicide, sont avérés.

Source : Würth.fr

Cet état de fait ne provoque pas de fortes réactions publiques. La raison : la liquidité grandissante du monde. Celle de la richesse comme celle des salariés, individualisés à l’extrême. L’esprit collectif se dissout à l’acide du tout argent, alors que redoublent les feux de l’hubris de certains hommes, une poignée qui concentre la majorité des richesses de la planète. Pour ce philosophe, l’explication de tels iniques excès tient à leur inconscient d’enfant-roi, « bloqué au stade anal » et à un manque d’intelligence. Pour d’autres, il n’est que la marque du retour en force maléfique du veau d’or. Celui qui efface toute autre valeur et se joue, comme l’hydre romaine de la souffrance des hommes ou en jouit. On peut le constater chaque jour, l’économie, via l’argent, perd sa valeur de sang économique de sang qui irrigue le monde au profit d’une simple opérationnalité, quelles qu’en soient les conséquences. Elle en devient le poison.

Gentleman « manager »

L’entrepreneur a en fait un double rôle : créer de la richesse mais aussi faire fonctionner la société, comme tisserand du lien social. C’est là le message central de ce livre. Malheureusement en ces temps sombres qui courent, peu ont vraiment conscience de leur pouvoir politique. C’est pourtant vital pour notre avenir commun tant ce pouvoir a été abandonné par des hommes politiques aujourd’hui discrédités ! Pour le philosophe, si le travail est une servitude volontaire, il peut être envisagé comme une aventure économique capable de réconcilier richesse matérielle et noblesse spirituelle. Vive le gentleman « manager » ! Pour lui, une sociabilité nouvelle ayant pour base la gentillesse, qui n’est ni la compassion ou la sollicitude, ni les respect, juste l’acceptation de rendre service à quelqu’un qui le demande, peut advenir et transformer le monde.

Source : Würth.fr

Un tel comportement a le grand intérêt de n’être pas instrumentalisable (puisque le respect de l’être humain y est intégral), et d’apparaître surtout comme une source de bien-être, de bonheur. Une notion existentielle première qui, avec le partage avec les autres, fonde le but de tout homme, dit-on. A part les sans-emplois, chacun passe le plus clair de sa vie en entreprise. Sera-t-elle le lieu d’un renversement social salvateur par cette vertu ?

En tout cas, il faut dire aux partisans de Procuste, symbole du conformisme et de l’uniformisation de l’économisme triomphant, que la gentillesse ça peut rapporter gros. Pourquoi ne pas penser que des salariés bien dans leur peau travaillent bien mieux que sous la contrainte ! Une philosophie, peut-être, mais qui inspire réflexion. Qu’en pensez-vous ?

Pierre TALBOT
(Journaliste - Réussir en Essonne)

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