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La croissance et l’emploi dans l’Union

Sachant que l’un ne va pas sans l’autre…

Tandis que l’Allemagne termine l’année 2011 avec un taux de croissance de 3%, la France se tient dans la moyenne européenne, avec un taux de croissance de 1,7%. Les prévisions de croissance pour l’année 2012 ne sont pas optimistes du tout. Elles ont toutes été revues à la baisse pour les pays du G20. Les experts de l’OCDE indiquent que la zone euro aura un taux de croissance quasi nul de l’ordre de 0,3%, tandis que celui des États-Unis se raffermira entre 1,8 et 2%. Officiellement, pour la deuxième révision du budget 2012, le taux de croissance de la France a été fixé à 1%. Selon la Commission de Bruxelles, ce chiffre est encore trop optimiste. La croissance serait au mieux voisine de 0,6%. 


Source : bdidier.fr


 
Le gouvernement vient de le revoir à 0,5%. La plupart des taux de croissance des pays émergents devraient se situer autour de 6 à 7% et celui de la Chine serait un peu supérieur, l’an prochain. L’OCDE a incité l’ensemble des dirigeants du G20 à agir rapidement pour restaurer la confiance et éviter une sévère contraction des économies développées parce qu’avec la crise de la dette, des déficits, c’est désormais la crise de l’emploi qui sera la priorité des priorités et en cas de carence, personne ne pourra en mesurer les conséquences. Les pays émergents, comme la Chine, sont très attentifs à l’aggravation de la situation. Leur croissance peut en souffrir également. Christine Lagarde, à la tête du FMI, ne cesse de demander à l’Union européenne de réagir pour éviter des risques de récession qui pourraient entraîner l’ensemble du monde économique. Ce déficit de croissance annoncé inquiète. 

Le tissu industriel français s’effrite depuis des années. En 10 ans, plus de 500.000 emplois ont été détruits. En 2011, le secteur industriel concerne environ 3.200.000 emplois.

À noter que sur la même période, l’Allemagne a perdu plus de 450.000 emplois industriels. Mais, pays producteur et exportateur, elle préserve un tissu industriel bien mieux structuré et plus important avec près de 7.500.000 emplois industriels. Face à leur impuissance et à leur manque d’idées, les acteurs sociaux français, syndicats et patronat, comme le pouvoir assistent avec plus ou moins de passivité à cette décomposition. Des gadgets de dernier recours, plus médiatiques que réalistes, ne suffisent pas à convaincre de leur effet salvateur.

À la fin du mois de novembre 2011, dans l’Union européenne, le taux de chômage, en projection, corrigé des variations saisonnières, était de 9,8%, légèrement plus faible que dans la zone euro où il s’élevait à 10,3%. Selon les estimations d’Eurostat, cela touche plus de 23,2 millions de personnes pour l’ensemble de l’Union dont 16,2 millions pour les pays de la zone euro. Sur un an, le chômage a baissé dans 14 États membres et augmenté dans les 13 autres. Hors zone euro, le Danemark, la République Tchèque et la Suède tirent leur épingle du jeu. Dans la zone euro, parmi les plus faibles taux de chômage, il faut retenir l’Autriche, les Pays-Bas et le Luxembourg avec un taux inférieur à 5%. L’Allemagne avec un taux de 6% se défend bien. La France affiche, à la même date, un taux de près de 9,7% en augmentation. Les prévisions ne sont pas du tout optimistes. L’INSEE affiche plus de 2,8 millions de chômeurs et 4,4 millions de demandeurs d’emploi. À cela s’ajoutent des millions de salariés en situation de vulnérabilité, sans parler des autres millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. 



Dans la zone euro, les taux de chômage les plus élevés, à deux chiffres, touchent le Portugal, l’Irlande, la Grèce et surtout l’Espagne qui, avec ses 4,42 millions de chômeurs, dépasse les 21%. Parmi les catégories les plus touchées, dans l’Union européenne comme dans la zone euro, ce sont les jeunes de moins de 25 ans, plus de 5,3 millions avec un taux moyen de plus de 21%. Quant au taux de chômage des jeunes Espagnols, il est catastrophique et de loin le plus élevé dans l’Union. Il dépasse les 40%. 



Dans l’ensemble de l’Union européenne, les autres catégories en mal d’emploi sont, comme d’habitude, les personnes les moins qualifiées, les travailleurs intérimaires, temporaires ou précaires, les salariés non qualifiés, et les seniors au-delà de 50 ans. La France se trouve dans les mêmes créneaux, ce qui en soit n’a rien de surprenant. 



Certes, tous les pays n’ont pas été atteints de la même façon avec la même amplitude. Mais le constat est général en ce qui concerne la perte nette d’emplois, la baisse de l’offre, la faiblesse du nombre de créations d’emplois surtout dans les pays du sud de l’Europe, en insuffisance de production où l’économie est en majorité basée sur la consommation. Encore une fois, le poids d’un euro trop fort pèse sur l’emploi pour les pays européens les plus touchés avec l’accentuation des délocalisations vers l’Est. Chaque pays de l’Union, s’appuyant sur sa politique économique et de l’emploi, essaie de contenir ces afflux de chômeurs en fonction des outils et des amortisseurs sociaux dont il dispose, quand ils existent.

Par exemple, l’Allemagne a préféré le blocage des salaires ou leur réduction et/ou celle du temps de travail avec l’utilisation du chômage partiel aux licenciements. Sur ce point, l’effort du gouvernement allemand est remarquable. Il est 10 fois plus important qu’en France, avec un budget supérieur à 6 Md€. La flexibilité a été un atout. Ce choix a préservé l’emploi. Le coût du travail est aussi évoqué comme un avantage pour l’Allemagne. Faux, dans l’ensemble les coûts sont assez voisins. Cependant, il faut rappeler qu’en Allemagne, il n’y a pas de salaire minimum imposé. Le tarif horaire peut descendre parfois jusqu’à 3,00 €. Le soutien, grâce à de la main d’œuvre étrangère, est important. Il est varié, composé de Polonais, de Tchèques, de Roumains, souvent payés aux conditions de leur pays respectifs ! Certains politiques et journalistes affirment aussi que l’Allemagne travaille plus et que c’est pour cela qu’elle a pu résister à la crise. Un simple rappel de Jacques Attali suffit à remettre les pendules à l’heure : le temps de travail annuel est de 1559 heures en France, tandis qu’il est de 1432 heures en Allemagne, en incluant, le travail à temps partiel, le chômage partiel et les vacances. La discussion est ouverte aussi sur le terrain de la productivité. D’autres experts, économistes ou politiques polémiquent sur le sujet… 



Pour sa part, le Royaume-Uni, avec un chômage de 10,3 % et un déficit annuel de 8,1% de son PIB s’est fixé des objectifs drastiques de diminution des dépenses de l’État. David Cameron n’y va pas de main morte. Son libéralisme exacerbé lui dicte une ligne de conduite dure. Cela commence par des augmentations de taxes et d’impôts, par le blocage des salaires, le recul de l’âge de la retraite à 67 ans, la réduction du montant des retraites et la baisse des effectifs des fonctionnaires, correspondant à 700.000 suppressions de postes ou d’emplois sur 5 ans. C’est le travailler plus pour gagner moins façon outre-manche qui trouve quelques adeptes politiques. Des manifestations dans la rue s’organisent. Les frais de scolarité pour les universitaires ont été également très fortement multipliés, ce qui a entraîné une violente colère des étudiants. Mais les Britanniques gardent leur sang-froid pour l’instant. À leurs yeux, l’Union européenne et l’euro sont devenus de sérieux boucs émissaires… 



Toutes sortes de mesures ont été essayées et utilisées à différents niveaux dans les pays de la zone en difficulté. L’Irlande, l’Espagne, le Portugal et l’Italie se sont attaqués au nombre d’employés de la fonction publique et à la réduction de leurs salaires. L’âge de départ à la retraite, le nombre d’années de cotisation et le montant des retraites ont été mis en cause. En Italie, le nouveau tour de vis sévère, réclamé par Mario Monti, apparaît comme le dernier recours possible pour essayer de sortir de la crise. La Belgique est aussi concernée par des mesures de rigueur. Elio di Rupo, son nouveau Premier ministre et son gouvernement sont à la peine. Globalement, la France a échappé pour l’instant, mais pour combien de temps, à de forts soubresauts. Il est vrai que l’échéance présidentielle n’est pas étrangère à cet effet retardateur. Mais le retour de la croissance n’est pas pour tout de suite… 


J.M.

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