Paolo Garoscio attire notre attention dans son article à Économie Matin. « En 2022, l’explosion de la guerre en Ukraine a conduit à des changements géopolitiques majeurs. La Russie, l’envahisseur, a été frappée par des sanctions majeures pour son agression. Et, forcément, le marché de l’énergie en a été chamboulé, la Russie ayant été, jusque-là, un partenaire privilégié de l’Union européenne
Conséquence : la France a vu son paysage énergétique évoluer de manière significative. Les États-Unis, autrefois au 9e rang des fournisseurs de gaz de la France, sont désormais en tête de liste.
Gaz : une montée en puissance des États-Unis
Selon les données du ministère de la Transition énergétique publiées le 28 septembre 2023, l’approvisionnement en gaz naturel de la France a été chamboulé. En 2022, les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz de la France, couvrant 25% des besoins du pays.
Sur le front des hydrocarbures, les États-Unis ont également renforcé leur position en tant que premier fournisseur de pétrole brut pour la France. Une augmentation notable de 37% des importations a été enregistrée sur l’année, avec 6,2 mégatonnes équivalent pétrole en 2022.
Forte augmentation de l’approvisionnement en gaz en provenance des Etats-Unis – source La Tribune
La France ne veut plus du gaz russe
Acteur dominant depuis des années dans l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne, et par là de la France, la Russie a vu sa position chuter. Sa place au classement est passée du 6e au 10e rang en tant que fournisseur de gaz. La France n’a importé que 15% de sa consommation de Russie en 2022
Cette diminution s’explique en partie par les tensions géopolitiques et la guerre en Ukraine. Les sanctions et les préoccupations en matière de sécurité ont poussé la France à diversifier ses sources d’approvisionnement.
Mais attention, le ministère précise que la position des États-Unis est également liée à la position géographique de la France. « Les importations françaises de gaz naturel augmentent nettement en 2022 en raison de la forte croissance des importations de gaz naturel liquéfié, dont une partie est destinée à d’autres pays après regazéification », écrit le ministère. Les États-Unis livrent leur Gaz Naturel Liquéfié (GNL) par bateau, et celui-ci est aussi redistribué.
La France s’approvisionne auprès de cinq pays producteurs principaux : La Norvège, Les Etats-Unis, Les Pays-Bas, l’Algérie, Le Nigéria – source Gaz de Bordeaux
La France multiplie les partenaires énergétiques
La France a progressivement diversifié la provenance géographique de ses énergies fossiles. Outre les États-Unis, d’autres pays comme la Norvège (22%), l’Algérie (8%), le Qatar (4%) et le Nigeria (2%) ont joué un rôle crucial dans l’approvisionnement en gaz du pays. « Les achats auprès d’autres pays se développent fortement en 2022 et traduisent la diversification des approvisionnements. »
Malgré cette diversification, la France reste fortement dépendante des importations pour répondre à ses besoins énergétiques. Elle importe la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme.
La France, qui compte actuellement quatre terminaux méthaniers à Montoir-de-Bretagne, Fos-sur-Mer (deux terminaux) et Dunkerque (notre photo), en construit un cinquième au large du Havre – source Le Parisien/EDF.
Gaz : le GNL toujours d’actualité, mais une consommation en baisse
La tendance à l’augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait se poursuivre. Les États-Unis ont promis de maintenir un niveau élevé d’approvisionnement en GNL vers l’Europe en 2023, avec au moins 50 milliards de m3.
Parallèlement, l’Europe s’efforce de réduire sa consommation. Entre août 2022 et janvier 2023, la consommation de gaz dans l’UE a chuté de 19%, dépassant l’objectif de 15% fixé par les Vingt-Sept. Fin 2022, en effet, les craintes d’une pénurie ont conduit les pays européens à mettre en place des stratégies d’économies d’énergie, que ce soit pour le gaz ou l’électricité. »
Paolo Garoscio Economie Matin (montage Club Espace 21)