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LE GOUFFRE ÉOLIEN : UN DÉFI ÉNERGÉTIQUE ET UN DÉFI FINANCIER

Les projets « offshore », synonymes de risques et de non-rentabilité

Depuis déjà plusieurs années, il est facile de constater le coût excessif des installations, les retards constatés sur le calendrier et les doutes sur les performances énergétiques attendues. C’est l’avis de Fabien Bouglé, expert et dirigeant connu dans le monde éolien du « renouvelable ». De plus en plus, le diagnostic se confirme montrant que le projet éolien ne sera pas à même de relever ses défis.

Que penser de la performance énergétique maritime ?

Quelques exemples concrets montrent que les rendements en énergie électrique des parcs éoliens maritimes existant et en cours d’installations ne sont pas à la hauteur des attentes. Certes, leur production intermittente, relative au temps de fonctionnement, intensité du vent et météo, est supérieure à celle des éoliennes terrestres. En 2023, pour l’ensemble des éoliennes terrestres et maritimes, les résultats consolidés indiquent une productivité de 10,2% de contribution à la part d’électricité produite en France.

Projets d’Implantations de parcs éoliens offshore (hors Méditerranée) – source : France renouvelable

Il existe aujourd’hui en France 3 parcs éoliens offshore en service. On distingue celui de Saint-Nazaire (80 éoliennes, mise en service en 2022), de Saint-Brieuc (62 éoliennes installées en 2023 avec une mise en service progressive en 2024) et de Fécamp (71 éoliennes, 2024). A noter que leur contribution totale reste très limitée (autour de 3 GW stables en 2027).

L’ambition politique du défi pour atteindre 40 GW en 2050 nécessiterait l’implantation de 50 parcs éoliens environ ! A la vitesse de croissance, de développement et d’installation maritime, le défi énergétique est inaccessible, sans parler de la fabrication et de la logistique de mise en place ? Quelle serait à réelle rentabilité de « mix énergétique » avec le nucléaire au plan national ? Peut-on déjà parler d’échec ?

Un mur financier infranchissable

Le coût financier est un indéniable obstacle reconnu par tous et en particulier les économistes. Prêteurs et industriels impliqués dans la réalisation du projet n’ont pas toujours le même avis. Une source pour un univers garanti bien que certain y voient la naissance d’un risque suspendu à un choix politique et à des retards conséquents. Une caractéristique naturelle et courante pour ce genre de projet majeur. L’échec technologique n’est pas pris en compte. Quant à celle du rendement énergétique tout le monde préfère se taire.

Au-delà du montage des éoliennes elles-mêmes, l’installation d’un parc éolien – source : RTE

La hausse des matières premières, du montage des infrastructures, du prix de la main d’œuvre et de l’inflation, mettent en cause la pertinence économique liée aux futurs parcs éoliens. Ce sont des milliards d’euros en « sus » qui seront nécessaires pour tenter de réaliser une simple progression du projet. Imaginer que l’objectif de 40 milliards de coûts de l’ensemble est atteignable est un mensonge. Malgré un maximum de soutien public de la part de l’État, dispersé à tous les niveaux concernés, les subventions, les aides au développement, les remises et les exonérations fiscales en tous genres, ne suffiront pas. C’est d’un gouffre financier dont il s’agit à moyen terme. A titre d’exemple, selon le rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2025, le coût du projet « Éole », port Nantes-Saint- Nazaire, a littéralement explosé : de 100 M€ prévus au départ, la facture atteint désormais 235 M€, soit plus du double en deux ans !


La France dispose déjà en 2024 de 95% d’énergie électrique décarbonée – montage : clubespace21.fr

Une conclusion dont « personne » n’osera tenir compte

L’essentiel de notre énergie électrique actuelle provient en production moyenne du nucléaire (74%) et de l’hydraulique (11%), de l’éolien (8%) et du solaire (3%) soit 96% d’énergie non carbonée. Ce qui suffit apparemment à nos besoins. Il ne faut pas oublier que l’énergie électrique n’est pas stockable. Un surplus non vendu (à l’export) nécessite une baisse aléatoire de production nucléaire fonction des conditions météo et du vent ! Imaginer un mix énergétique renouvelable/nucléaire même à long terme ne correspond qu’à un choix politique à courte vue. Il ne sera plus nécessaire de s’aligner sur les prix européens pour payer le « renouvelable » à la française.

La création de 50 parcs éoliens en mer pour un potentiel de 40 GW, avec un rendement maximum de 15 à 18% au maximum correspond à l’équivalent de 3 à 4 réacteurs nucléaires ! Le risque d’échec de rendement énergétique et le gouffre financier sont réels. Un gouvernement prendra-t-il la décision d’en tirer les conclusions de sortir de cette impasse aux dépenses exorbitantes. C’est loin d’être certain, électoralement parlant.

Jacques Martineau

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