Pour la première fois, l’ensemble des pays de l’OTAN consacre au moins 2% de son produit intérieur brut à la défense. Une étape symbolique qui traduit le virage stratégique de l’alliance atlantique, alors que trois de ses membres vont encore plus loin en dépassant la barre des 3,5%.
Une alliance au diapason sur l’effort militaire
C’est un jalon important de l’OTAN : les 32 États membres atteignent enfin le seuil de 2% du PIB consacré aux dépenses militaires, apprend-on du dernier bilan publié sur son site Internet. Fixé il y a près de vingt ans, cet objectif avait longtemps été respecté par une minorité d’alliés seulement. Désormais, l’ensemble de l’alliance affiche une homogénéité nouvelle dans l’effort de défense.
32 pays de l’OCDE, dont 27 de UE, membres de l’OTAN face à la Russie – montage : clubespace21.fr
Derrière cette annonce lapidaire se cache une évolution profonde. L’Europe et le Canada, souvent accusés par Washington de sous-investir dans leur sécurité, ont franchi un cap décisif. D’après les données de l’organisation relayées par Euronews, leurs dépenses atteignent collectivement 2,27% du PIB en 2025, contre 1,99% en 2024. Avec l’apport américain, le total grimpe à 2,76%.
Cette progression spectaculaire est le produit d’une double pression. D’un côté, la guerre en Ukraine a mis en lumière les fragilités de l’Europe face à un conflit de haute intensité. De l’autre, les États-Unis – sous la présidence Trump comme auparavant – ont multiplié les rappels à l’ordre. La convergence obtenue aujourd’hui confère à l’OTAN un poids politique et stratégique inédit, alors que les tensions géopolitiques ne cessent de s’exacerber.
Trois pays en éclaireurs : Lettonie, Lituanie et Pologne
Si tous les membres de l’OTAN respectent la barre symbolique des 2%, seuls trois la dépassent très largement. La Pologne affiche une contribution record de 4,48% de son PIB. La Lituanie la suit avec 4%, tandis que la Lettonie consacre 3,73%.
Y-a-t ’il un danger réel pour les frontaliers, Pologne et Pays Baltes ? – montage : clubespace21.fr
Ces pays du flanc oriental, en première ligne face à la Russie, justifient ces choix budgétaires par leur vulnérabilité stratégique. Varsovie a accéléré ses acquisitions de chars Abrams et de chasseurs F-35, tandis que Vilnius et Riga renforcent massivement leur dispositif de dissuasion. Leur surinvestissement illustre la bascule d’une Europe orientale désormais moteur dans l’effort collectif de défense.
Un nouvel objectif fixé à 5% d’ici 2035
Si la satisfaction domine dans les chancelleries, l’OTAN ne compte pas s’arrêter là. Lors du sommet de La Haye, en juin 2025, les alliés ont adopté un nouvel objectif : consacrer 3,5% du PIB aux capacités dites « core » (forces armées, équipements, modernisation), auxquels s’ajouteront 1,5% pour les infrastructures, la cybersécurité et la résilience. Au total, l’alliance vise donc 5% d’ici 2035, avec une clause de révision prévue en 2029.
Un pur souhait ou une future réalité à chacun de le vivre… - source : seamuss/shutterstock
Ce cap ambitieux reflète l’ampleur des défis sécuritaires. Outre la guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine, les menaces hybrides et la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement stratégiques poussent les États membres à revoir leurs priorités budgétaires. Pour la première fois depuis la Guerre froide, les dépenses militaires redeviennent un axe structurant de la politique économique en Europe comme en Amérique du Nord.
Anton Kunin (Économie Matin)