La rentrée politique et économique de septembre 2025 va se dérouler dans un contexte extrêmement houleux. François Bayrou comme Premier ministre, avait à faire face à des séries de problèmes de toutes natures dont le plus important concerne l’adoption du budget 2026. La confiance a été refusée par 364 voix contre 194. Départ de François Bayrou, nomination de Sébastien Lecornu dans la précipitation. Face à une assemblée nationale fortement divisée en trois blocs (1), sans majorité, la marge de manœuvre est particulièrement réduite. Les appels se multiplient pour « bloquer » le pays le 10 septembre. Près de 2 Français sur 3 adhèrent à l’appel, encouragés par des syndicats, des associations et des partis politiques. Si on rajoute à cela la grève générale décidée le 18 septembre prochain par l’ensemble des syndicats, le tour est joué. L’ensemble de l’Exécutif, Élysée et Matignon ne peuvent que liquider les affaires courantes. Le budget 2026 n’est pas près d’être adopté ! Qu’’en sera-t-il même avec un nouveau gouvernement ?
Un projet de budget 2026 à l’étude devant l’assemblée nationale
La mise en place d’un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros secoue l’opinion dans sa forme, son contenu et sur le fond. Cette économie relative est censée inclure une « année blanche ». Cela signifie entre autres : a priori et en priorité un gel des dépenses de l’État (hors armée et dette) ; aucune revalorisation des prestations sociales, retraites, barèmes fiscaux. Sans oublier une nouvelle annonce à débattre, la suppression de deux jours fériés (?). Renforcée par des compléments fiscaux à débattre, la liste de ces énoncés est supposée être examinée en séance à l’assemblée. Comment apprécier la réalité et l’énoncé des propositions retenues ? La réforme de la retraite revient aussi comme un sujet à l’ordre du jour.

Un défi pour le gouvernement, pour les parlementaires et pour les Français… – montage : clubespace21.fr
Ces mesures sont vivement critiquées, y compris par une partie de la majorité relative, semi-centriste macronienne actuelle. L’ensemble est perçu comme une « arnaque » ou un « leurre » par une large opposition occasionnelle (LFI, PS, RN, incluant une partie du LR et Cie). Des points de vue différents, souvent opposés voire totalement contradictoires. Toutes ces propositions sont remises en cause. Le Medef se cherche, ayant crainte d’une baisse significative de certaines de ses aides non justifiées. Les PME/PMI sont plus inquiètes. Elles sont toujours mises sur la touche.
Les risques étaient aussi très importants pour le gouvernement. Au-delà d’un refus d’adoption du projet de budget 2026, l’utilisation du 49-3, c’est la censure qui entraine la chute du gouvernement.
Une situation économique et sociale difficile à maîtiser
Malgré quelques signaux positifs de faible niveau (0,4%) au premier semestre 2025, il est toujours question d’avoir un taux de croissance de l’ordre de 1% pour de nombreux experts. Le comparatif avec certains concurrents européens, en particulier avec l’Allemagne aujourd’hui, ne peut pas être un motif de satisfaction. Les nouveaux 15% de taxes à l’américaine n’arrangent rien. Il est très difficile d’imaginer le contexte économique en 2026. Les efforts annoncés des dépenses publiques ne parviennent pas à convaincre les milieux financiers. Qui parle d’investissement en France et de productivité, de croissance et de compétitivité ?

Une protestation croissante, multi-professionnelle et sociale – montage : clubespace21.fr
La situation sociale n’est pas stable et la rentrée s’annonce difficile. L’inflation, même à faible taux continue de peser sur le pouvoir d’achat des classes moyennes, affecté par la hausse des prix de l’énergie. Le taux de chômage qualifié de stable est beaucoup trop élevé à hauteur de 7,5%, correspondant à environ 2,4 millions de chômeurs. En réalité le nombre de sans-emploi dépasse les 5 millions, plus du double ! Aussi, « travailler plus », un slogan qui n’a de sens qu’en termes d’augmentation du nombre de personnes au travail, en favorisant l’activité pour les jeunes et les seniors. Les syndicats, le patronat et les mouvements sociaux ne manqueront pas de mettre le gouvernement en difficulté.
En résumé un calendrier délicat à tenir
Compte-tenu d’un déficit public prévu de 5,4% en 2025, l’enjeu budgétaire pour 2026 est de le limiter à 4,6% du PIB), avec une dette colossale et une pression fiscale qui continuera à augmenter. Une réduction des dépenses publiques insuffisante, une contribution de solidarité délicate à mettre en place, comme les réductions de quelques avantages ne suffiront probablement pas à amorcer cette décroissance.

Un regard attentif pour mieux apprécier les conséquences à la française… - montage : clubespace21.fr
La rentrée 2025 est marquée à l’assemblée nationale par une instabilité politique liée au problème à trois corps (1). L’absence d’une majorité de gouvernement met l’adoption du budget en grande difficulté, maintenant dans l’incertitude une économie en berne. Ajouter à cela que la France doit augmenter son budget militaire et assumer les conséquences économiques et financières des crises internationales inquiétantes (la guerre en Ukraine, le rendez-vous de Shangaï et la situation à Gaza).
Jacques Martineau
(1) MATHÉMATIQUE OU POLITIQUE : LE PROBLÈME À TROIS CORPS EST SANS SOLUTION
C’est la théorie du chaos qui prédomine, Georges Seguin, Club Espace 21, novembre 2024

