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LA DÉMOCRATIE DU CHAOS : VERS LA RÉUSSITE DE L’ÉCHEC…

Parler de politique au sens « propre » du terme a-t-il encore un sens ?

Comme chacun est à même de le percevoir et de le comprendre, l’instabilité politique chronique est un mal partagé dans la plupart des pays qualifiés de démocratiques. Par définition, leur sort est, dans la majeure partie des cas avec un scrutin à la proportionnelle, lié à des unions et à des coalitions. Elles constituent, après des accords négociés et signés, une majorité de gouvernement. C’est un régime parlementaire. La France par son système de scrutin à 2 tours, choix puis exclusion (Vème République), se retrouve en principe avec un régime présidentiel jacobin de pleins pouvoirs, associé à une majorité absolue d’élus parlementaires à l’assemblée nationale.

Une assemblée nationale à majorité relative en 2022

Une répartition instable à l’origine de la situation actuelle – montage : clubespace21.fr

Une élection présidentielle discrète en 2022, marginalisée avec la certitude d’un résultat acquis, élections législatives inclues. Un constat non discutable : le parti présidentiel et ses alliés ne sont pas majoritaires. La répartition dans l’hémicycle dégage un système à 3 blocs relatif de tailles différentes mais avec un taux d’influence équivalent. La stabilité relative n’est qu’apparente. La minorité représentative du pouvoir est bloquée. Elle survit. Les 2 autres corps opposés et minoritaires se maintiennent sans pouvoir agir, sauf en cas de censure.

Les deux premières années correspondent à surplace législatif attentif et prudent, ponctué par quelques propositions et projets de lois adoptés au gré des consentements ou à l’aide de l’article 49.3. Deux premiers ministres se succèdent avec des parcours et des durées différentes dans l’incapacité de rassembler.

Les élections européennes, à l’origine d’un bouleversement confirment le malaise

Des élections européennes en chute libre pour la présidence de la république vont entrainer une dissolution surprise en 2024 de l’assemblée nationale et de nouvelles élections. Les résultats ont concrétisé la génération de 3 corps de parlementaires incompatibles, éléments indispensables d’une l’instabilité permanente. Les conséquences négatives dans l’esprit et dans le comportement des Français sont le résultat d’une série indiscutable de décisions « sans appel » de l’Exécutif. La théorie du chaos va se confirmer et se développer dans un tel système. C’est le principe de l’exclusion qui l’emporte.

Une dissolution non-interprétable, mais les conséquences sont là – montage : clubespace21.fr

Depuis la dissolution impromptue de 2024, les 3 blocs sont désormais reconnus et identifiés. La taille des 3 corps est quasi-équivalente. On ne peut pas en dire autant des taux d’influence qui divergent. Ils se déclinent 40% ; 30% et 20%. Autour de 10% pour le reste des satellites. Il n’y a pas de solution d’équilibre même temporaire. L’un des 3 blocs doit disparaître (se faire éliminer) pour retrouver une stabilité à 2 corps. Il n’y a plus alors qu’une option à choisir : le « pour » ou le « contre ».

Cinq premiers ministres depuis 2022 dont trois depuis septembre 2024 confirment cette instabilité avec deux votes de censure. Le « pourquoi » de cette situation se retrouve dans la mésinterprétation volontaire des résultats des élections législatives par le chef de l’État. Un seul souci, une seule priorité, garder la main à l’assemblée nationale. Par deux fois, il tente d’élargir et d’accroître la taille du bloc central par le choix des locataires de Matignon. Un choix sans succès puisque ces tentatives se sont soldées par la censure du gouvernement.

A nouveau, le scénario reste le même, le choix du « nouveau venu » confirme une reprise en main par le chef de l’État, avec le même objectif d’élargissement à « droite », puis au « centre » et désormais à « gauche » de l’ex-majorité macronienne relative du « centre ». Les deux autres corps extrêmes de « gauche » et surtout de « droite comptent pour du « beurre » (près de 70% des électeurs). Autrement dit : c’est le retour à une case « départ » élargie, accompagnée de la démocratie du chaos.

Des recommandations (inutiles) dans l’environnement partagé du « j’ai toujours raison » ?

Qu’il s’agisse du bloc central élargi à droite et à gauche, du nouveau front populaire (union de la gauche) ou de la droite (extrême), chacun détient une vérité : « sa vérité ». Mais tous sont enclins à répéter sans cesse le « j’ai toujours raison », ce qui est un non-sens sans issue dans le milieu politique. Alors le retour à deux blocs nécessite la disparition de l’un d’entre eux. Dans tous les cas il doit exploser. Sauf que « se remettre en cause », « reconnaître ses erreurs », « accepter le risque » et « trouver des alliances » n’ont jamais fait partie des règles du jeu du milieu.

Avec la complicité de sa légitimité et la légalité de sa position, en difficulté le représentant de l’Exécutif s’appuie sur un pouvoir « personnel et solitaire », oubliant le sens même de la démocratie et les « autres »...

Jacques Martineau

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