Alors que l’économie mondiale semblait naviguer à vue entre reprise et incertitudes, le Fonds monétaire international sonne l’alerte : la machine mondiale tourne au ralenti. Que nous dit vraiment le dernier rapport sur les dynamiques de la croissance ?
Le 22 avril 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses dernières projections dans le cadre de son World Economic Outlook d’avril 2024. S’appuyant sur des mois de données consolidées, le rapport révèle un ralentissement généralisé de la croissance, aggravé par des tensions géopolitiques, des choix budgétaires restrictifs et des déséquilibres structurels persistants. Si l’économie mondiale ne s’effondre pas, elle évolue à un rythme qui « demeure faible par rapport aux standards historiques ».
Les données parlent d’elles-mêmes à mi-parcours 2025 - source : Statista
Le FMI prévient : la croissance mondiale ralentit
Le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,2 % en 2024 et en 2025, un chiffre inchangé par rapport à 2023. Mais ce plateau n’a rien de rassurant. Il s’agit du taux le plus bas sur cinq ans depuis des décennies. Le Fonds explique que cette atonie s’explique par la combinaison de « coûts d’emprunt encore élevés, de retrait des soutiens budgétaires et de l’héritage de la pandémie de COVID-19, conjugués aux effets durables de la guerre en Ukraine ».
L’inflation mondiale devrait reculer, passant de 6,8 % en 2023 à 5,9 % en 2024 et 4,5 % en 2025. Mais cet apaisement apparent masque des fractures profondes : les économies avancées convergent rapidement vers leurs cibles d’inflation, tandis que les pays émergents continuent de lutter contre des hausses de prix endémiques. Plus grave, le rapport souligne que « la convergence vers un niveau de vie plus élevé pour les pays à revenu moyen et faible a ralenti », nourrissant des inégalités croissantes au sein de l’économie mondiale.
La croissance aux États-Unis : première victime de la guerre des taxes de Trump
La performance des États-Unis constitue un paradoxe. Le pays affiche une croissance robuste, tirée par la consommation des ménages et des mesures budgétaires musclées. Pourtant, cette dynamique inquiète le FMI, qui souligne que « la politique budgétaire américaine n’est pas soutenable à moyen terme ».
Le président des Etats-Unis attend de voir les effets de sa politique ? - Source Le Point
La preuve ? La prévision pour 2025 a été ramenée à 1,8 %, contre 2,7 % en janvier. En cause : les tensions inflationnistes persistantes et le risque croissant de surchauffe. Le FMI estime que la probabilité d’une récession aux États-Unis atteint désormais 40 %, un niveau critique pour la première économie mondiale. Et certaines banques, comme Goldman-Sachs, estiment même au-delà de 50 % la probabilité que les Etats-Unis fassent face à une récession.
Chine : le géant vacille sous le poids de son immobilier
Autre pilier mondial, la Chine voit sa croissance glisser à 4 % en 2025, en baisse de 0,6 point par rapport aux prévisions de janvier. Le FMI alerte : « Sans réponse globale au secteur immobilier en difficulté, la croissance pourrait fléchir, affectant les partenaires commerciaux ».
Royaume-Uni : la croissance entravée par les coûts d’emprunt et les tarifs américains
Le Royaume-Uni voit sa croissance abaissée à 1,1 %, selon le FMI. L’institution souligne deux freins majeurs : les « droits de douane américains imposés sur plusieurs produits britanniques » et le poids croissant du service de la dette dans un contexte de taux élevés, relate CNBC. L’incertitude politique post-Brexit n’arrange rien, et les appels du FMI à une coordination budgétaire restent lettre morte à Londres.
Une reprise piégée par la guerre commerciale
Le FMI prévient : si l’inflation est en repli, ce n’est pas encore le moment de relâcher l’effort. « La priorité des banques centrales reste de s’assurer que l’inflation atterrit en douceur, sans relâchement prématuré ni retard excessif ».
Mais la reprise reste piégée entre deux forces contradictoires : l’impératif de désendettement public, et la nécessité de soutenir une demande fragilisée par les hausses de taux passées. Sans coordination internationale, ni relance productive, l’économie mondiale pourrait bien rester bloquée dans une forme de stagnation douce… mais prolongée.
Paolo Garascio (Économie Matin)