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AA- : NOUVEAU DÉCLASSEMENT DE LA FRANCE PAR FITCH RATINGS

Les mots et les annonces ne suffisent plus à rassurer les marchés…

Au-delà de la nécessité d’envisager une réforme des retraites, l’argument essentiel invoqué était le rééquilibrage des dépenses de l’État. La réduction du déficit et de la dette apparaissait comme essentiel sous pression de l’Union européenne pour rassurer les milieux financiers et nos prêteurs privés. La précipitation de la réforme, le moment choisi et la procédure d’adoption ont généré des conséquences. La prolongation de troubles et des manifestations augurent mal de la suite au plan politique et social.

Les agences de notation entrent en jeu

L’inévitable est arrivé. Les agences de notation entrent en jeu. Elles jugent et donnent leurs avis sur la « santé financière » des États. Les faux-semblants ne suffisent plus à masquer aux opinions publiques nationales et internationales les profondes divergences d’appréciation et le manque de cohésion des arguments avancés pour sauver la face.

Les trois principales agences de notation influentes sur le marché – montage : clubespace21.fr

Les agences de notation ne sont que quelques-unes en haut de l’affiche. Il faut savoir que 94% du marché mondial de notation est partagé entre trois agences. Deux d’entre elles sont américaines, Standard & Poor’s et Moody’s. Avec une part de 80%, la troisième agence, Fitch Ratings, est majoritairement à capitaux français (avec 14% du marché).

Fitch Ratings s’est prononcé

C’est cette dernière agence qui vient de dégrader la note financière de la France au rang de AA-. Depuis 2012, le AAA s’est éloigné. La descente progressive est continue. La réforme des retraites était censée renforcer la crédibilité d’un effort pour 2023 allant vers une amélioration d’un déficit de 4,7% et une réduction de la dette de 112,6% du PIB. Les règles de l’UE avec 3% de déficit et 60% de dette n’ont aucun sens.

Fitch Ratings pressent une croissance moins robuste qu’anticipée dans ses prévisions de novembre : celle-ci serait finalement cette année de 0,8 % au lieu de 1,1 %, et de 1,3 % en 2024, contre 1,9 % imaginé lors des dernières prévisions. Le gouvernement table quant à lui sur 1 % de croissance en 2023. L’Insee indique un taux de croissance de 0,2% au premier trimestre…

Plus dégradée que ses partenaires européens, la dette de la France reflue à 111,6% – source : insee

Le constat de Fitch est clair : « les tensions sociales récentes qui pèseront, selon elle, sur la capacité du pays à réduire le déficit et la dette, ainsi que des perspectives de croissance moins élevée qu’anticipée ». Et plus encore : « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes ».

L’agence revient également sur la décision du gouvernement d’avoir eu recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Une décision qui « renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment [dans le pays] », annonce Fitch.

La réaction française…

Le diagnostic est sérieux pour l’économie française, l’Exécutif, le gouvernement. Tous comptaient sur la promulgation de la réforme des retraites pour rassurer les marchés. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire conteste cette notation : l’« appréciation pessimiste de Fitch quant aux perspectives de croissance de la France et de la trajectoire de sa dette » et déplore que l’agence « sous-évalue les conséquences des réformes [engagées] » assurance-chômage, retraites et baisse des impôts de production. Auprès de l’Agence France-Presse, le locataire de Bercy précise que l’exécutif entend continuer à « faire passer des réformes structurantes ».

Tableau de notation des différentes agences – montage : clubespace21.fr

Moody’s n’a finalement pas réalisé d’action de notation et temporise. La France est jusqu’ici notée Aaa2 par cette agence, ce qui correspond au AA de ses consœurs. L’agence Standard & Poor’s Global doit publier ses conclusions le 2 juin. Qu’en sera -t-il lorsque l’agence chinoise Dagong Global Credit Rating donnera son avis. Les banques, les États souverains en dehors du besoin ou autres spéculateurs en tout genre les utilisent pour prêter et fixer ainsi leur taux de créance. Ce sont les États clients qui en font les frais ! Quant à l’Union européenne, elle n’est pas dans la course !

jacques Martineau

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