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Du télétravail à l’entreprise virtuelle …

Des conclusions trop hâtives pour une proposition pleine de contradictions

Le télétravail : une recette retenue pour faire face au Coronavirus ? Pourquoi pas, comme un palliatif à la propagation du virus ? Petit à petit, faute de vaccin, le remède occasionnel a tendance à s’imposer durablement comme la « nouvelle façon » d’assumer ses fonctions professionnelles hors d’un milieu contaminant.

Avec le développement pendant les phases de confinement, n’ont cessé de se multiplier pour des raisons légitimes, le e-commerce, le e-service, le e-éducation, la e-consultation, etc. En tirer une conclusion paraît un peu trop hâtif ? Le remède est en train de s’affirmer comme la clé de l’avenir. C’est le leitmotiv d’adeptes technocratiques, de bien-pensant médicaux, repris par les politiques dans les médias. La recette inattendue conforte une majorité de salariés bénéficiaires et certainement la masse d’observateurs non concernés qui ne travaillent plus. .

Le « pour »

Voilà que les Instituts de sondage, d’analyse, les experts et les économistes se sont jetés sur cette formule qui enchante autant qu’elle dérange. Le patronat au sens large comme les syndicats et le gouvernement n’échappent pas à la règle. Les négociations vont bon train. On a franchi le cap. On imagine implanter le télétravail comme un mode permanent et définitif dans l’entreprise. Une conséquence partagée et approuvée en grande majorité par l’ensemble des partenaires sociaux autour de la table.

Assurer le travail avec une meilleure efficacité – montage : clubespace21.fr



Les experts finissent par se poser des questions sur les conséquences économiques de ce changement. Avec des chiffres, toujours des chiffres, ils appuient la thèse d’une solution durable à partir de quelques enquêtes. Premiers constats : « les salariés passent moins de temps dans les transports et sur la route. Moins de temps perdu à la machine à café et à la cantine, moins de discussions inutiles, moins de temps en réunions (visioconférence), etc. » La productivité augmente, l’efficacité est meilleure, c’est pour cela qu’il faut insister, voire rendre obligatoire le télétravail dès lors qu’il est possible ! Heureusement que nos experts sont là pour en tirer des conclusions !

C’est parti. Le télétravail fait la « Une » des journaux, des hebdomadaires et des magazines. Le « 100% de télétravail obligatoire » proposé à demi-mots par le gouvernement ne gêne plus les journalistes et les médias qui se gavent de slogans ridicules. Les politiques se laissent convaincre les « yeux fermés » par des hauts fonctionnaires qui télé-travaillent en permanence depuis des années, absents du terrain et de la vie active. Si localement aujourd’hui l’emploi confiné est partiellement préservé, l’illusion est totale ?

L’usage du télétravail quasi à plein temps ne peut concerner que quelques métiers spécifiques où la présence même occasionnelle de la personne dans l’entreprise, par définition n’est pas nécessaire. Si la liste potentielle est longue à établir, elle représente moins de 10% des salariés actifs !

Le « contre »

Comment peut-on imaginer installer collectivement ce mode de fonctionnement et de développement de l’activité. C’est est un leurre que de tenter de persuader l’opinion que le télétravail peut représenter l’avenir des entreprises et des organismes publics et privés. Il est fait silence que sur les 21 millions de travailleurs actifs, l’immense majorité est par nature dans l’incapacité de « télé-travailler ».

Le télétravail obligatoire pour 5% de la population active ? – montage : clubespace21.fr



Trop de métiers échappent à cette pratique isolationniste sortie des dossiers de quelques politico-technocrates éperdus. Que faire des ouvriers, des employés, des techniciens, des ingénieurs, des conducteurs de travaux, des transporteurs, des services publics et privés ? Si on ajoute à cela le cœur de la nation, agriculteurs, éleveurs, forestiers, pêcheurs, etc., sans parler des grandes surfaces, des petits commerces, des restaurants et des bars, des spectacles et du tourisme… Où va-ton ?

La santé, le régalien et l’enseignement ne souffrent pas le virtuel – montage clubespace21.fr



Les confinements liés au Covid 19 ont contraint à l’enseignement à distance. Qu’en sera-t-il, post pandémie, si cette pratique se généralise pour les écoliers, les lycéens, les étudiants et les professeurs derrière leurs écrans pour certains cours, faute de moyens ? Dans le milieu médical, les praticiens généralistes et les spécialistes hospitaliers pourraient-ils accepter de ne plus voir de patients, avec une pratique de la médecine qui deviendrait de plus en plus virtuelle ? Comment oser parler de sécurité à distance ? La liste des incohérences serait trop longue à établir, au risque d’en oublier. La démonstration est suffisante.

En conclusion, un minimum de bon sens et… un maximum d’intelligence

Ne serait-il pas plus intelligent de réfléchir, avant de tirer des conclusions après une expérience, pour l’instant trop courte dans le temps et trop partielle. Ceci ne doit rester que comme une tentative de maintenir de l’activité pour une partie des salariés en période de pandémie. Laisser croire qu’elle peut être généralisée n’est pas sérieux. Diviser la « société » ne peut pas être un but en soi, sinon qu’un objectif malfaisant.

Du télétravail à temps partiel, variable dans la durée, n’excédant pas l’équivalent de 2,5 jours/semaine, comme quelques réunions pour éviter des déplacements, pourraient suffire. Rien ne remplace le contact humain, la rencontre, la discussion, les échanges directs et le sens même de l’entreprise. Bientôt dans la future entreprise virtuelle, les réunions de direction en visioconférence auront lieu en différé, diffusées au personnel alors que certains des participants seraient absents, vacants à d’autres occupations ou peut-être en congé…

Jacques Martineau

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