Plus d’une centaine de navires sont restés à l’ancre aux entrées nord et sud de la voie navigable reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge. Pas moins de 10 milliards de dollars de marchandises et de matières premières ont été bloqués. Près de 12 % du commerce mondial transite par cette route maritime. Elle est bouchée par un porte-conteneurs géant de 200.000 tonnes de 400 mètres de long, venu s’échouer sur l’une des rives du canal.
Evergreen au travers échoué - source : AFP
Enfin sortis de cette impasse, nous avons estimé qu’il serait intéressant de représenter un de nos articles paru dans Économie Matin et dans nos colonnes en septembre 2015. Il a été écrit par Claude H. Amani, un de nos amis, afin de rappeler les efforts considérables engagés par l’Égypte pour faciliter le trafic.
Club Espace 21
Le Canal de Suez II : du rêve à la réussite… Signature du développement ambitieux de l’Égypte
En août 2014, le président Abdel Fattah Al-Sissi s’était lancé un défi d’exception. Il souhaitait la réalisation en un an du doublement du Canal de Suez pour relancer l’économie dans le pays. En augmentant fortement le passage, l’objectif est avant tout de multiplier progressivement les recettes liées aux droits de passage. La réalisation de ce projet doit servir de vecteur de développement et d’ouverture pour les investissements internationaux. Parallèlement, un événement complète l’ensemble avec la découverte par l’ENI, dans les eaux territoriales égyptiennes, du plus grand gisement offshore de gaz naturel en méditerranée.
Un état des lieux pour comprendre les conditions initiales
Les Egyptiens ont souffert durant les quatre dernières années d’événements troublants et d’émeutes (printemps arabe, révolte, chute du président Hosni Moubarak) qui ont failli les faire basculer dans l’obscurantisme et l’islamisme. Le pays s’est trouvé lui-même dans une situation sociale, économique et sécuritaire inquiétante, avec le retour d’expatriés égyptiens et de réfugiés des pays limitrophes en guerre. A la mi-2013, le peuple égyptien décide de changer de régime. Des élections générales ont lieu au suffrage universel. Elles conduisent Abdel Fattah Al-Sissi à la tête de l’Etat. Il est élu comme président pour 5 ans.
Source : Ouest - France
Au cours de la première année de son mandat, il a pris conscience de l’ensemble des problèmes économiques, financiers et d’infrastructures non résolus auparavant et qui continuaient à surgir. L’Egypte avait besoin de remèdes miracles pour se relever, des projets phares pour un réel développement économique à commencer par la refonte son infrastructure. A la conférence de Sharm El Sheikh, le président a sollicité des investisseurs européens et asiatiques pour les inviter à prendre part aux projets qu’il envisage pour le développement économique de l’Egypte. En particulier, cela concerne le développement du Canal de Suez, la construction de nouvelles centrales électriques, l’élargissement du secteur agricole, une autre politique de l’habitat au Caire, la réfection et l’extension du réseau routier et la recherche de solutions à propos de production d’eau entre autres…
Le projet d’ouverture et d’élargissement du Canal de Suez
Le 26 Août 2014, la décision est prise. Un emprunt populaire est lancé. Il est d’un montant de 70 Mds de livres égyptiennes (8 Mds d’euros) en bons du trésor, garantis par l’Etat, à 12% d’intérêts par an, remboursable après 5 ans. Ainsi, en 5 jours les fonds collectés ont servi à faire démarrer le chantier sur les bords du canal. Les travaux achevés avec beaucoup d’intensité (1/3 des pelleteuses du monde étaient en action) et avec beaucoup de succès puisque le chantier n’a duré qu’un an au lieu de trois. Ceci vient de démentir une fois de plus les bruits qui couraient sur l’insécurité ou l’instabilité de l’Egypte et montrer le sérieux et la persévérance du travailleur Egyptien.
Source : Le Figaro
Les travaux ont été menés sur deux axes : d’une part pour élargir et approfondir une partie du Canal existant sur une longueur de 37 km, d’autre part en construisant un nouveau canal long de 35 km parallèle à l’ancien. Les travaux ont duré moins d’un an !
Le Projet du Développement de la Région du Canal de Suez s’articule autour de la création d’un complexe de logistique et industriel sur une superficie de 40 millions de m2 comprenant : une zone Industrielle et un quai maritime à l’Est de Port-Saïd ; 6 ports maritimes et logistiques à l’ouest de Port-Saïd (Al Kantara) ; une zone industrielle à El Sokhna (près de Suez). A cela s’ajoutent la construction de tunnels reliant les deux cotés du Canal ainsi que des voies ferrées associées et des projets des piscicultures dans les lacs que traverse le canal.
Une réalisation inaugurée en « grandes pompes », pleine de promesses…
L’Inauguration du nouveau Canal de Suez à la circulation des navires marchands dans les deux sens a été fêtée en grandes pompes le 6 août dernier en présence d’un nombre restreint de chefs d’Etats amis dont le président français, François Hollande. Le lendemain de l’inauguration 47 navires ont traversé le canal dans les deux sens et la cadence ira en s’accroissant pour atteindre 80 navires par jour sans aucune attente.
Source : dailymotion.com
L’ensemble est prometteur de nombreux projets. Tous les Pays Européens sont invités à y participer. L’Allemand Siemens a remporté un important contrat pour la construction de 3 Centrales électriques. Parallèlement, un événement complète l’ensemble avec la découverte par l’ENI, dans les eaux territoriales égyptiennes, du plus grand gisement offshore de gaz naturel en méditerranée.
Source : L’Obs
La France ne manquera pas non plus au rendez-vous, après la livraison d’une première série d’avions Rafales dans le contexte actuel. Elle peut aussi apporter sa contribution dans le développement économique de son ami traditionnel l’Egypte dans les domaines de la construction d’autres centrales d’électriques (de type nucléaire, gaz naturel, éoliennes et solaire).
Source : info-afrique.com
Beaucoup de projets sont aussi ouverts aux investisseurs Français et Européens dans le domaine de l’eau dont l’exécution serait aussi rapide en particulier pour des stations de désalinisation de l’eau de la mer, le traitement d’eaux usées et la mise en place de stations d’épuration, comme les forages de milliers de puits pour l’agriculture dans les régions arides.
Bref, 90 millions d’âmes que compte l’Egypte selon les derniers recensements dont la moitié représente des bras « jeunes » capables d’être le moteur de la construction et du développement du pays.
Claude H. Amani (Club Espace 21)
Cet article a été publié le 22/09/15 dans Economie matin